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ZBrush, la folle histoire d’un logiciel de peinture devenu géant du cinéma et des jeux vidéos

Avant de devenir ce logiciel de modélisation 3D incontournable pour toute une génération d’artistes 3D, ZBrush a démarré avec une fonctionnalité bien différente : la peinture ! Alors qui a créé ZBrush ? Comment a-t-il évolué jusqu’à conquérir le milieu du cinéma et des jeux vidéos ? Quelles ont été ses grands ajouts qui ont fait la différence ? Voici en vidéo et dans cet article l’histoire de ZBrush.

Siggraph de 1999

Nous sommes à l’une des plus grandes conférences sur les technologies graphiques. Et ce soir-là, un projet révolutionnaire va être présenté.

Et non, je ne te parle pas de la présentation du premier iPhone par Steve Jobs. 

Car nous sommes au Siggraph de 1999, soit 8 ans plus tôt. Et malheureusement, ça ne semble pas avoir été filmé. 

Et c’est lors de cette conférence que le monde de la 3D va bientôt découvrir un tout nouveau logiciel qui n’en est encore qu’à ses balbutiements : il s’appelle ZBrush.

logo zbrush originel
ZBrush, avec son tout premier logo qui annonce la couleur

1997 : les débuts de ZBrush

Deux ans plus tôt, en 1997, Ofer Alon, un artiste et développeur connu sous le pseudonyme de Pixolator, cofonde avec Jack Rimokh la société Pixologic. Ensemble ils vont créer le logiciel ZBrush.

La vision d’Ofer Alon est simple : offrir à chaque artiste un logiciel qui permet de donner vie à ses idées avec fluidité, sans les contraintes techniques d’un logiciel 3D.

« Il y a de nombreuses personnes qui possèdent le talent de créer de magnifiques œuvres d’art, mais qui ont du mal à exprimer pleinement leur créativité avec des méthodes traditionnelles. ZBrush est l’outil qui permettra à l’utilisateur de concrétiser sa créativité sans avoir besoin d’être un ingénieur ou de passer de longues heures à manipuler des pixels. Les artistes pourront créer des œuvres d’art époustouflantes avec ZBrush tout en s’amusant dans le processus. En faisant cela, ZBrush permettra aux gens d’être véritablement impressionnés… »

Ofer Alon

ZBrush, ce logiciel de… peinture

Mais ZBrush n’est pas encore le logiciel que l’on connaît aujourd’hui : il est avant tout un outil de peinture basé sur une nouvelle technologie appelée « pixol », qui combine les propriétés des pixels classiques avec des informations de profondeur, de matière, d’orientation et de lumière, permettant ainsi de créer des images en 2.5D.

Pour être plus clair, les premières versions du logiciel ne proposent pas de 3D, mais un semblant de profondeur. Ce qu’on appelle le 2.5D : de la 2D avec du relief.

Par exemple, la version 1.23 va apporter l’ajout de primitives 3D (des formes simples comme des sphères, cubes, rectangles), mais une fois qu’elles sont posées dans le décor, vous ne pouvez plus tourner autour. Il n’y a pas de navigation. C’est comme peindre sur Photoshop mais en relief.

Et pour ceux qui utilisent Zbrush, maintenant vous comprenez mieux pourquoi vous tombez directement sur les brosses 2.5 en arrivant, et pourquoi le mode Edit existe.

Mais revenons en à cette soirée de 1999 : ZBrush est présenté pour la première fois lors du Siggraph et les professionnels sont bluffés par ses capacités. Mais est-ce suffisant ?

Un succès en demi-teinte

Malgré le lancement de ZBrush, le succès n’est pas au rendez-vous. Les professionnels du cinéma ou des jeux vidéos lui reprochent notamment une interface jugée trop différente des standards de l’époque.

zbrush 1.0
C’est quoi le problème de l’interface franchement ?

Clairement elle rebute plutôt qu’elle charme. Un comble quand on sait que cet outil est censé être simple et intuitif pour attirer les artistes plutôt que les ingénieurs.

Souvenez-vous également que c’est un outil assez marginal : il permet juste de peindre une sorte de relief sur une toile. C’est trop limité à l’heure actuelle pour attirer les studios.

Et donc, c’est là où l’équipe de Pixologic va persévérer et travailler dur sur de nouveaux ajouts qui vont faire toute la différence.

ZBrush 1.55b : le tournant

En 2002, Pixologic sort très précisément la version 1.55b de ZBrush qui va introduire des outils plus proches de la sculpture numérique moderne.

On notera notamment l’arrivée des ZSphères qui vont permettre aux artistes de créer des formes en vraie 3D.

Les ZSphères permettent de créer des modèles 3D en partant de structures simples, ce qui facilite grandement la génération de formes organiques complexes, comme des personnages ou des créatures.

Bref ZBrush fait un grand pas en avant en passant à la 3D, permettant enfin la sculpture des modèles, la manipulation de la géométrie, et une navigation dans l’espace.

ZBrush 2.0 et les subdivisions

Et la version 2 de ZBrush, sortie deux ans plus tard, enfonce le clou en renforçant les possibilités de sculpture 3D, ouvrant ainsi de nouvelles possibilités créatives.

Deux ajouts majeurs voient le jour avec cette version 2.0 :

  • les subdivisions (aussi appelées Multi-Resolution Subdivision) vont permettre de travailler le même modèle 3D sur différents niveaux de détails, permettant à Zbrush de créer des détails très fins sur des modèles de parfois plusieurs millions de polygones
  • le projection master qui permet de peindre des détails en 2.5D sur une surface et de les projeter sur un modèle 3D

Enfin la reconnaissance dans l’industrie

A partir de 2004, ZBrush commence à être adopté par l’industrie du divertissement.

Les studios d’effets spéciaux et les créateurs de jeux vidéo vont l’utiliser pour créer des modèles détaillés et réalistes pour des films comme Le Seigneur des Anneaux ou des jeux vidéo populaires comme God of War et Uncharted.

Sa capacité à créer rapidement des modèles complexes va changer profondément la manière dont les artistes 3D travaillaient.

De succès en succès

A partir de là, chaque nouvelle version va enrichir le logiciel et le rendre encore plus incontournable.

On peut noter en 2007 avec la sortie de ZBrush 3.0, l’introduction d’une fonctionnalité puissante : les SubTools, qui permettent aux utilisateurs de diviser leur modèle en plusieurs parties, chacune pouvant avoir des millions de polygones.

Cela a permis de contourner les limitations matérielles et de travailler sur des modèles encore plus complexes.

2010 : Sortie de ZBrush 4.0

En 2010, Pixologic sort ZBrush 4.0, qui va proposer une nouvelle interface graphique. Et franchement c’était bienvenue.

Et d’ailleurs, c’est toujours la même interface que nous avons aujourd’hui, soit 14 ans plus tard… je dis ça je dis rien…

Cette version 4 marque un tournant dans les fonctionnalités du logiciel, avec notamment la naissance du Spotlight, qui permet la projection de textures sur les modèles, le ShadowBox (pour générer des modèles 3D à partir de masques) et les layers qui permettent de créer des variations sur un même subtool.

Zbrush devient alors l’outil principal de nombreux studios pour la création de personnages que pour des films à gros budget comme Avatar ou The Avengers.

Mais Pixologic ne s’assoit pas sur ce succès en réfléchissant déjà à de nouvelles versions de ZBrush pour agrandir son cercle d’utilisateurs.

Pixologic : Une belle relation avec les artistes

Mais avant de vous parler de ces nouvelles versions, je voulais mentionner un fait important sur Pixologic. Depuis ses débuts, cette société est adorée par les artistes.

Et pas que pour Zbrush, ni pour ses événements.

Car si il y a bien un geste à retenir, c’est leur politique commerciale

Car il était un temps, pas si lointain, où les licences étaient perpétuelles et où l’on recevait par la poste, dans une boîte, la nouvelle version de son logiciel.

Je le dis pour les plus jeunes d’entre vous qui n’ont connu que les licences mensuelles popularisées par Adobe.

Pixologic permet à tous les utilisateurs qui possédent leur licence perpétuelle de pouvoir mettre à jour le logiciel gratuitement. Ce qu’il fallait souligner comme étant très généreux et inédit déjà à l’époque. Malheureusement ce n’est plus le cas aujourd’hui. On en reparlera plus tard.

Outre leur politique commerciale, Pixologic a souhaité élargir sa base d’utilisateurs dès 2016.

2016 : ZBrush Core et ZBrush Core Mini

En effet, pour tenter de diffuser davantage ZBrush et permettre à l’ensemble des artistes, pas forcément tous dans le milieu du cinéma ou du jeu vidéo, d’utiliser ce formidable outil, Pixologic a lancé en 2016 deux nouvelles versions de ZBrush : ZBrush Core et ZBrush Core Mini.

L’idée était bonne sur le papier : proposer une version abordable de ZBrush, simplifiée, pour ceux qui souhaitent apprendre la sculpture numérique, mais qui n’ont pas forcément besoin de toutes les fonctionnalités avancées de la version complète.

ZBrush Core Mini, même si son nom ne l’indique pas très bien, est la version gratuite de ZBrush. Une version vraiment très épurée pour tester la sculpture 3D avant de passer aux deux versions suivantes.

zbrush core mini
ZBrush Core Mini

Et ZBrush Core est donc une version épurée, moins chère, mais également amputée d’outils assez emblématiques comme le Live Booléen, les brosses 2.5D, le spotlight, les possibilités de rendu, le ShadowBox, le ZModeler, le Fibermesh, ArrayMesh, Nanomesh, bref tellement de choses manquantes et importantes qui limitent l’illustration ou l’impression 3D que personnellement je n’ai pas trop compris l’intérêt de cette version, au-delà de son prix.

ZBrush Core

D’ailleurs, j’ai fait une vidéo spécifiquement sur ZBrush Core sur ma chaîne, vous pourrez aller voir.

Changement d’appellations pour ZBrush

J’en reviens maintenant à la version 4.

Après son lancement, Pixologic sort de nouvelles mises à jour avec la lettre R : 4R2, 4R3, 4R4, 4R5, 4R6, 4R7, 4R8.

ZBrush 4R
Ah… la douce époque où il y avait encore des boîtes !

A partir de 2018, Pixologic va changer l’appellation de son logiciel pour ZBrush 2018. Chaque nouvelle mise à jour sera ainsi : ZBrush 2018.1, .2 etc… 

Exemple avec ZBrush 2018.1
Exemple avec ZBrush 2018.1

Le tremblement de terre de 2021

Plusieurs années se passent ainsi, rythmées par des nouveautés et des lives.

De mon côté, je suis un utilisateur lambda qui apprécie ZBrush et télécharge les mises à jour gratuitement grâce à ma licence perpétuelle, comme beaucoup d’artistes.

Jusqu’au tremblement de terre de 2021.

A la surprise générale, alors que moi-même je me lance dans l’enseignement de ce logiciel en ligne, Maxon, l’éditeur allemand de Cinema 4D notamment, rachète ZBrush en décembre 2021. Et créé la stupeur dans la communauté.

Le coup de génie du rachat de ZBrush par Maxon

Pour Maxon, c’est un coup de génie. Plusieurs raisons stratégiques expliquent ce rachat. Il lui permet : 

  • compléter sa gamme de produits avec un logiciel réputé et utilisé par tous les plus grands studios et artistes 3D du monde
  • renforcer sa présence dans les industries créatives de premier plan
  • créer une complémentarité avec son outil phare Cinema 4D, qui lui excelle dans la modélisation polygonale, l’animation et le rendu (bref tout l’inverse de ZBrush)
  • élargir sa base d’utilisateurs car ZBrush dispose d’une communauté de fidèles et de passionnés

Par contre, une question se pose : pour quelle raison est-ce que les dirigeants de Pixologic ont souhaité vendre ZBrush ? offre irrésistible ? Problèmes financiers ? Modèle économique trop généreux ? On ne le saura jamais

Il est cependant à noter que Maxon a pris soin de conserver les équipes de Pixologic pour continuer à travailler sur ZBrush pour ne pas perturber l’évolution du logiciel, mais a mis à mal la générosité du modèle économique avec les mises à jour gratuites, mettant en place un abonnement mensuel et annuel comme ses concurrents.

ZBrush à la sauce Maxon, ça donne quoi ?

Et que s’est-il passé depuis le rachat de Zbrush par  Maxon ?

Et bien depuis 2021, de nombreux ajouts ont été faits au logiciel. On notera notamment l’intégration du moteur de rendu Redshift sur ZBrush, permettant de booster les capacités de rendu réaliste du logiciel (j’en parle d’ailleurs ici en vidéo).

Mais la dernière grosse actu côté ZBrush a eu lieu en fin d’année 2024…

ZBrush for iPad

En secret, les équipes de Maxon ont travaillé d’arrache pied pour fournir une version optimisée pour iPad appelée tout simplement: Zbrush for iPad

L’idée est ainsi de pouvoir travailler et retravailler ses modèles entre son ordinateur de bureau et son iPad. Ou depuis son lit

Le challenge a dû être de taille : il leur a fallu revoir toute l’ergonomie du logiciel, simplifier l’interface utilisateur et intégrer les gestures pour proposer une expérience intéressante pour les artistes.

Cette version est incluse dans l’abonnement classique, dans le forfait Maxon One (qui donne accès à tous les produits de l’éditeur) ou en abonnement à part à 10 euros par mois.

Vous le voyez, ZBrush est toujours là, et toujours en pleine évolution

Conclusion

Comme tu as pu le voir au travers de cette vidéo, ZBrush a révolutionné l’industrie et continue à le faire à chaque nouvelle version. C’est bien plus qu’un simple logiciel, c’est un pont entre l’artiste et l’imaginaire. 

Si toi aussi tu souhaites te lancer dans le logiciel et démarrer cette aventure, tu peux rejoindre ma formation gratuite sur ZBrush en lien dans la description.

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